Qui suis-je ?

Je m'appelle Eve. J'ai 56 ans et vis à Montpellier (34).

Et puis la vie nous fait face !

Un parent, une connaissance, ils ont vieilli, ils sont seuls, loin des enfants, des amis.

J'ai longtemps pensé que j'avais le temps d'organiser un rapatriement de ma maman, que l'administration était mon barrage, que je ne pouvais pas

forcer les choses.

Au loin, à des kilomètres, malgré les appels et le réconfort d'entendre ma maman me dire :

-" Tout va bien, ne t'inquiète pas" ou "oui, je veux me rapprocher de toi, de vous, " elle disait le contraire aux assistantes sociales car quitter son espace de vie l’effrayait.

La distance est le premier ennemi, mais la solitude est bien pire.

Puis le temps m'a retiré ma maman.....

Je vieillis aussi, mais il me reste bien des jours, des semaines, des mois et des années à partager:

Au plus loin que je puisse aller dans mon enfance à ce jour, j'ai toujours eu une tendresse et une admiration pour deux types d’humains : - Les personnes âgées, leur passé me fascine et les personnes atteintes du syndrome de «Down » où le temps n'existe pas.

Alors vivons le passé à l'instant présent sans compter le temps qui passe.

Conserver les souvenirs, évoquer avec les personnes âgées autonomes, en ateliers, remémorer, c'est continuer à vivre heureux. Voilà pourquoi j’ai créé « V'ieux, mais heureux ».

À propos de ma famille...

4 générations :

Ma maman, mes enfants, mon petit fils et moi

Ma maman et ma fille

Symphonie

Un dernier mot .....

Mes parents sont partis de Normandie pour les Antilles, où mes frères et moi avons grandi, bercés par les traditions dans lesquelles nos aînés étaient une priorité.

Une fois adulte, chacun a fait ses choix et tracé son propre chemin de vie.

Nous avons tous notre caractère, que l'on soit jeune ou moins jeune, issu de la génération de mes parents ou de la mienne.

Le monde évolue, la technologie avance... Beaucoup de choses semblent vouloir nous disperser, nous éloigner les uns des autres.

Je respecte, je n'impose pas. Mais j'inculque à mes enfants l'amour de mes aînés :

"Si la distance et le temps nous sont impartis, alors chaque moment où nous pouvons être unis doit être pleinement savouré, et il faut se dire que l'on s'aime"

Mon expérience avec mes parents m'a appris que la génération d'après guerre a une force de caractère incroyable.

Leur relation avec leurs enfants est souvent empreinte de fermeté, comme s'ils voulaient constamment prouver qu'ils sont toujours forts. Leur esprit est resté jeune, mais leur corps a vieilli. Nous, leurs enfants, essayons de leur rappeler que le temps a passé, qu'ils ont besoin de nous.

C'est un conflit générationnel permanent. Ils sont persuadés qu'ils dérangent, qu'ils sont un poids. Moi aussi, parfois, cette pensée m'effleure...

Mais j'ai des enfants qui me rappellent souvent qu'ils m'aiment et qu'ils seront toujours là pour moi.

Mes enfants sont nés aux Antilles, ils sont solaires. L'une de mes filles avait une relation extraordinaire avec ma maman, une relation fusionnelle. Très souvent, j'avais l'impression de voir ma mère à travers elle, et inversement.

Jeune, je ne voulais pas vieillir. Aujourd'hui, je suis fière d'être grand-mère de six petits-enfants. Eve Breton.